C'est par la métaphore de la reconfiguration perpétuelle de la surface de la Terre, son odyssée à travers le temps, qui perdure depuis plus
de 45 milliards d'années, à travers et par-delà les cataclysmes qui la marquent et la jalonnent, que j'explore la notion de perte dans l'évolution
identitaire continuelle de l'individu.
Un départ ressenti comme un séisme. Les murmures et le grondement des émotions qui nous habitent. Les crevasses et le gouffre qui s'ouvrent
alors devant nous. Ce sont ces intenses émotions qui émanent mes oeuvres. A travers nos expériences, des couches cicatrisées d'un vécu éprouvant,
nous nous redéfinissons constamment, conférant ainsi une profondeur à notre compréhension de la vie, et de la nature complexe et changeante de
l'identité.
Chaque installation de cette présente exposition reflète, esthétiquement et métaphoriquement, les effets du passage du temps. La Mort n'est
pas seulement une fin; c'est un moment transitoire et de transmutation qui porte en lui-même l'expérience ultime de l'Homme. En redéfinissant la
mort, l'isolant du concept des paradigmes traditionnels de nature spirituelle ou religieuse, l'opportunité m'est donnée/je me permets de capturer/ de
discerner cette transition en une animation suspensatoire. Les fissures et les cicatrices acquises au cours du cycle de la vie, tant de la chair que de la
terre, démontrent, et inévitablement redéfinissent notre rôle unique dans ce processus universel. Une nouvelle vie peut ensuite émerger de ces
ruptures, en ce qui est, paradoxalement, une nouvelle peau inconcevablement vulnérable et ultimement rèsiliente.
Non-déchiffrées (2011)
L'impulsion pour cette installation découle de mon désir de rendre hommage à mon père, un entrepreneur en
rénovation et un homme de peu de mots qui n'a pas facilement exprimé ses émotions. Il était plus à
l'aise entouré par les outils de son métier, alors, ces outils (et son espace de travail) sont devenus le moyen de communication
entre nous.
Non-déchiffrées est une histoire vide de mots mais pleine de sens, en couches superposées. Les prémices
de cette installation sont que la main a été le premier outil de l'homme et que tout ce qui suit est un prolongement de la main
de l'homme. En outre, je propose que la main est notre premier outil de communication. Pendant des milliers d'années, l'argile a fait la
chronique de l'évolution de l'Homme, laissant des traces de ses activités et de sa culture et révélant ses
progrès technologiques. Nos prédécesseurs ont depuis longtemps utilisé des impressions dans l'argile et
l'argile façonnée à la main comme un moyen de raconter des histoires.
Le sens à travers les mots peut facilement être mal compris ou perdu dans la transmission ou la traduction. Au lieu des mots, des
impressions de mes mains sont assemblées en hiéroglyphes pour créer une narration visuelle. Ces hiéroglyphes
contiennent une empreinte de la main, capturant un moment dans le temps (pression, intention, émotion). L'utilisation de techniques
de cuissons primitives a aussi laissé sa marque sur les éléments de cette installation, chaque morceau étant un
enregistrement unique du passage de la fumée et du temps. Dans Non-déchiffrées, il n'y a aucune
interprétation littérale soulignant ainsi le fait que le sens est plus dans l'acte de communiquer et dans les nuances gestuelles
que dans le langage utilisé.